CM DU 07/03/2009 - SEANCE BUDGETAIRE -

Rennes Métropole Ecologie

Conseil Municipal – 07/03/2009

Séance budgétaire

 

 

Intervention de Jean Luc Daubaire, groupe Rennes Métropole Ecologie

 

 

BUDGET 2009

 

Nous ne pouvons évoquer en cette année 2009 le budget de la Ville sans faire référence au contexte actuel : celui de la crise ou plutôt les crises. Ces dernières années, nous avons assisté à l'essoufflement du modèle libéral, nous assistons aujourd'hui à son étouffement, aboutissement catastrophique d'un système qui n'est plus viable. Le profit immédiat, funeste principe de cette logique de marché n'aura finalement généré que graves disparités sociales, argent virtuel, domination du monde par un petit nombre de privilégiés. Plus grave encore, les chantres du libéralisme, auront détruit nombre de vies pour s’enrichir à coup de délocalisations laissant à chaque fois l’Etat, dont ils contestent pourtant l’impôt, prendre en charge à leur place la survie des travailleurs abandonnés. Sans scrupule ces rois du marché piochent dans les fonds publics dès que possible, après avoir parfois, en plus, utilisé l'argument de la sauvegarde de l'emploi pour ne pas s’acquitter des charges sociales, pour obtenir des subventions à l’installation ou pire pour continuer à fabriquer ou distribuer des produits reconnus nocifs pour la santé et pour l’environnement… Un bilan qui a pour noms insécurité sociale, précarité économique, …mais aussi destruction environnementale. Au nom du sacro-saint profit immédiat, des produits, toujours plus nombreux, sont lancés sans que les impacts sur la santé publique, les impacts sur l’environnement ne soient pris en considération. En effet, sous le règne du marché se sont propagés à outrance des procédés totalement irresponsables, irresponsables parce qu'incapables de gérer leurs effets ou la fin de leur propre cycle : nous parlons-là du nucléaire, des OGM, des produits phyto, et cetera  la liste est trop longue. Ce règne du marché dominant tout autre aspect de la vie, nous souhaitons nous que cette crise lui porte un coup fatal, l’héritage qu’il nous laisse est déjà très lourd !

Evoquons tout d'abord l'héritage culturel, véritable frein aux mutations nécessaires aujourd’hui .Génération après génération cette société surconsommatrice, qui a gaspillé en un siècle quasiment toutes ses réserves fossiles, a construit un système de valeurs que beaucoup ont encore du mal à remettre en question,… dans les actes. Combien, par exemple se montrent encore réticents aujourd’hui à se préparer à un monde sans pétrole, alors que pourtant dans tout au plus quarante ans, la pénurie sera bien réelle ! Nous devons au contraire modifier au plus vite  nos comportements si nous ne voulons pas payer au prix fort la fin du pétrole bon marché !

Osons abandonner ces logiques dépassées illustrées par le fabuleux travail de prospective de M Attali qui en janvier dernier n’avait pas vu venir la crise, préconisant dans plusieurs domaines de foncer tête baissée dans un système qui nous démontre chaque jour un peu plus son ineptie ! voilà finalement un bel exemple de ce qui arrive quand on veut regarder demain avec nos habitudes d’hier !

Nous héritons aussi d’un véritable état d’urgence environnemental. On ne peut plus faire comme si le changement climatique n'existait pas, comme si le bouleversement de notre climat s’était arrêté avec la crise, car il continue bien à évoluer et selon les scénarii les plus pessimistes. La nature est en danger : l'eau, les forêts, les sols et sous-sols, la biodiversité ont subi de graves atteintes, pour certaines irrémédiables. Aucun continent, aucun océan n’est épargné, de nombreuses espèces sont menacées, les réserves de poisson sont au plus bas, etc. Arrêtons là l’énumération, mais il s’agit quand même de s’interroger : A terme, ce type de développement, c’est un progrès pour qui ?

Si l’on veut sauvegarder le vivre ensemble, il y a bien des mutations à opérer dès aujourd’hui, car déjà les conséquences de nos surconsommations d’hier vont dicter les priorités à venir. Il importe donc de ne pas reproduire les erreurs passées !

Pour nous, il ne s'agit pas de relancer la croissance sans opérer une mutation radicale de notre économie, sans en changer les règles. Seule une conversion écologique et solidaire de notre économie, maitrisant son impact environnemental et créatrice d’emplois non délocalisables, peut permettre de sortir durablement la tête de l’eau.

A notre niveau, si action sociale, recherche, culture, services publics doivent être soutenus, voire défendus depuis que M Sarkozy est aux affaires, nous pouvons dès maintenant agir concrètement sur l’emploi, en participant au développement de la réhabilitation thermique des bâtiments, des transports en commun, des énergies renouvelables, du commerce équitable de proximité et de l’agriculture bio, des industries vertes et écoresponsables…

 

Certes chacun de nous doit agir, mais les rennais nous ont confié à nous,  élus, la gestion de l’argent public, nous leur devons donc de l’utiliser à bon escient. Si l’on veut aider à sauver des emplois très menacés, il nous faut imaginer comment opérer des conversions innovantes et responsables pour valoriser les compétences techniques disponibles. (site ST Micro) Or prenons l’exemple du secteur automobile : dans tous les pays où la puissance et la taille de la voiture étaient synonymes de rang social, c’est la chute libre des ventes des modèles haut de gamme, d’ailleurs les patrons des entreprises américaines (chrysler, GM)) investissent d’énormes budgets pour produire sous deux ans des véhicules à très faible consommation, …Ici on annonce le recentrage de la production de la 607 à Rennes … ça ne nous paraît pas aller dans le sens d’une garantie d’activité ! Et les constructeurs français qui lancent aujourd’hui leurs 4x4 ne nous rassurent pas non plus sur la qualité de leurs analyses prospectives, ni donc sur leur capacité à évoluer. Aujourd’hui les aides publiques ne doivent plus investir un denier sur ce genre d’obstination !

Dans notre budget, la crise va peser lourdement sur nos dépenses, d’aide sociale notamment, et il nous faudra bien trouver l'argent nécessaire. Nous n’y arriverons que par une refonte de nos « équilibres budgétaires », tout d'abord parce que ce n'est pas la peine d’attendre un secours quelconque de l’Etat et d’un gouvernement qui nous conduit déjà, pour compenser ses défaillances, à trouver de nouvelles ressources, ensuite parce qu’à budget égal il faudra bien pour relever ces défis faire des transferts de moyens entre nos différents budgets sectoriels !. Les critères d’écoconditionnalité et de bénéfice social à long terme devront présider à nos choix budgétaires et nous n’accepterons pas que le produit des taxes et impots locaux soit utilisé pour faire perdurer un système qui nous conduit dans le mur.

Nous pouvons dès maintenant

  • Réduire au strict minimum les dépenses au bénéfice des véhicules à moteur,
  • Augmenter les investissements pour l’espace public et des déplacements doux,
  • Etablir une politique d’achats prenant en compte le cycle de vie des produits et leur bilan carbone,
  • Amplifier la réduction des consommations de la ville, dans tous les domaines… et communiquer aussi par l’exemple !

Pour toutes ces raisons ce budget 2009 est donc, à nos yeux, …transitoire.

 

Le budget 2009 est néanmoins déjà porteur de choix remarquables. En effet, et s’il en était encore besoin, il démontre la volonté de cette équipe municipale de tenir parole par rapport à son programme, ainsi sur les économies d’énergie dans les bâtiments municipaux où le budget passe la surmultipliée pour atteindre 2,9 millions d’euros en 2009,

La Ville de Rennes s'engage en matière d'énergie et d'écologie urbaine, on le voit et elle y met les moyens, n’en déplaise à ceux qui prétendaient que sans eux il n’y aurait pas de prise en compte de l’écologie. Pour preuve, le budget 2009 s’accompagne d’engagements forts, nous citerons ces deux exemples : le 10 février dernier Rennes a signé la Convention des Maires à Bruxelles, un engagement à dépasser les objectifs européens pour 2020, et, même si nous l’aurions aimée plus fournie, une ligne spécifique est désormais réservée au Code de la Rue, qui redonne la priorité aux usagers les plus exposés et rend l’espace public aux habitants, à l’inverse du Code de la Route conçu pour et par la voiture ! Ces décisions vont dans le bon sens, et il y a bien d’autres sujets de satisfaction dans ce budget,… et la relance des investissements, tout en maintenant nos capacités d’autofinancement et notre endettement à un niveau tout à fait acceptable, prouve notre souci d’agir de manière responsable,

 

Il reste par contre quelques zones d’ombre. Ainsi ce dossier qui n’en finit plus de faire du sur place, je veux parler de la MCE 6 ans déjà !: les locaux de la MCE sont indignes d’une ville qui prétend s’engager dans le développement durable… A Rennes nous nous targuons d’être une ville au tissu associatif très dynamique, et en effet nous sommes sans doute la seule ville de France à disposer de 2 espaces info énergie (ciele et clé) mais nous laissons notre agence locale de l’énergie supporter des loyers très lourds, au prix du marché, quand nous trouvons des locaux pour bien d’autres structures, et nous proposons à la MCE et aux associations qu’elle fédère des préfabriqués, véritable contre exemple de leurs préconisations… Belle vitrine !

Autre point, dans notre programme nous nous sommes engagés, dans le cadre de notre politique internationale, à passer du 1/1000 à 2/1000. Pour l'instant nous ne voyons rien alors que le besoin est de plus en plus important. Nous suggérons d’atteindre cet engagement en douceur sur 4 ou 5 ans.

 

Nous souhaitons pour terminer dire à quel point nous avons apprécié la démarche très participative de François André. Elle nous a permis d’être informés des différentes évolutions, des choix à faire, et cette manière de procéder ne peut que nous donner confiance pour la construction des budgets à venir. Ainsi aujourd’hui cette démarche nouvelle fait que le groupe Rennes Métropole Écologie assumera avec lui le budget présenté.

 

 

 

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