Vote du budget de la Ville de Rennes

Publié le par Rennes Métropole Ecologie

Aujourd'hui, samedi 13 mars, le Conseil Municipal de Rennes est réuni pour voter le budget  2010. Après la présentation de M. François André, adjoint aux finances, chaque groupe politique s'est exprimé.
Voici l'intervention du groupe Rennes Métropole Ecologique :


Le vote du budget se fait cette année encore dans un contexte difficile. En effet, les plans sociaux continuent de faire l’actualité et près d’un million de chômeurs, selon le comptage gouvernemental,  seront en fin de droit en 2010.

La situation locale est elle-même difficile, aggravée, nous le redisons, par un  désengagement de plus en plus significatif de l’Etat vis à vis des collectivités territoriales, désengagement auquel s’ajoute la réforme des collectivités annoncée et ses effets redoutés. Car l’annonce d’une réforme des collectivités dans un tel contexte nous fait craindre le pire quant à ses modalités, car personne n’est dupe, s’il est nécessaire de revoir la répartition territoriale cette annonce est avant tout politique et vise à casser ces régions trop à gauche aux yeux du gouvernement actuel.

 

 

Avant d’évoquer le budget à proprement parler, nous tenons à saluer cette année encore les méthodes de travail de notre collègue François André, qui nous tient régulièrement informés des évolutions budgétaires et nous permet de faire des choix en toute responsabilité ; nous tenons également à le remercier pour la présentation et à remercier les services pour la qualité de leur travail.

 

 

Le budget 2009 était pour nous un budget de transition, c’est ainsi que nous l’avions qualifié, ici-même, il y a un an. Mais l’année 2009 aura été celle du plan de relance qui s’est parfois traduit par la réalisation accélérée de travaux sans prendre le temps de la réflexion pour en améliorer la pertinence. Les défis que nous avons à relever, et ce dans tous les domaines, nous demandent d’imaginer des réponses ou des solutions nouvelles et non pas de refaire mieux ou plus vite ce que l’on fait déjà depuis 10 ans ou 20 ans ! Pour nous le plan de relance aurait du être, tout en jouant son rôle de maintien de l’activité économique, l’occasion privilégiée de préparer la mutation de notre budget. On s’est employé par exemple à mettre en œuvre un programme de renouvellement de chaudières (par ailleurs conforme à nos engagements dans la Convention des Maires puisqu’engendrant des économies de consommations et donc des réductions de émissions de gaz à effets de serres)  alors qu’il aurait été plus judicieux au préalable de prendre le temps de faire une analyse thermique globale du parc qui aurait permis d’établir des priorités dans les travaux à effectuer. Ce plan de relance aura eu sur les services un impact très lourd en termes de charge de travail, ne permettant pas de dégager le temps nécessaire aux analyses globales.

Cependant, depuis quelques mois, on note une réelle amélioration ce qui nous conduit à  penser  que les budgets à venir prendront une orientation plus en accord avec un développement durable. Des efforts sont faits et les choses bougent. De plus en plus souvent les dossiers que nous présentent les services intègrent ces prescriptions. Dans les différents groupes de travail, nous constatons les efforts que font nos collègues de la majorité pour prendre en compte des objectifs volontaires en termes de développement durable. Sur ce point, nous tenons à exprimer notre satisfaction quant à l’ambiance de travail actuelle.

 Cette année, dans un budget serré, 1 M d’euros est à nouveau accordé à la réhabilitation énergétique du parc communal, c’est un premier exemple de notre détermination. Si la charge de travail spécifique à l’année 2009 a fait prendre quelque retard à de nouveaux dossiers, le programme de développement des énergies renouvelables sur notre territoire se met en place que ce soit à la Ville ou à Rennes Métropole, et nous pourrons bientôt démontrer aux Rennais que « rennes ville solaire » n’était pas qu’un slogan.  Par peur de voir apparaître des panneaux solaires privés, certains préfèrent attendre et ne rien faire, ce n’est pas notre position ! Ainsi, en 2010, nous comptons sur l'étude des toits et de leur structure qui permettra de savoir si cinq de nos bâtiments publics peuvent accueillir des capteurs solaires photovoltaïques. Nous ferons encore mieux en 2011.

 

 Plus généralement, la politique urbaine menée par la Ville est bien la preuve d’un changement de modèle urbain qui sait à présent allier développement, qualité de vie et respect de l’environnement. Nous citerons ici pour exemple la reconquête de l’espace public au bénéfice des plus faibles (vélos, piétons, PMR, etc.) que rend effective la mise en place du Code de la rue.

 

 

 Ainsi, responsable, ce budget l’est à l’évidence. Est-il durable pour autant ? Non. Pas encore, pas suffisamment. Nous pouvons et devons faire mieux. Faire mieux, c’est intégrer cette volonté de mutation dans nos habitudes, nos comportements, nos achats et dans chacun de nos choix. Or, nous notons encore cette année des décisions qui ne vont pas dans le sens d’un développement durable.

 

 

En effet, nous avons des regrets. Nous regrettons comme nous l’avons dit et redit que 130 000 euros soient investis pour la seule installation de la vidéosurveillance. Nous sommes contre cette installation et nous avons déjà eu l’occasion de dire pourquoi. Que ce soit d’un point de vue philosophique, de préservation des libertés individuelles mais aussi d’efficacité et bien sûr de coût pour cette année mais aussi pour les années à venir. Rappelons qu’il y a un coût d’installation et de maintenance pris en charge à moitié seulement par l’Etat mais aussi un coût de fonctionnement important avec la création d’un centre de supervision et d’au moins deux postes de fonctionnaires.

Pourtant parallèlement, nous ne pouvons que nous féliciter que l’ensemble des actions de médiation sociale (correspondants de nuit, Nozambules, médiations de voisinage et accès au droit) bénéficient enfin d’une meilleure visibilité dans ce budget avec la création d’une sous fonction d’accès au droit et médiation et un budget qui avoisine les 600 000 €, emplois aidés compris. Sauf que pour la moitié de ce budget nous sommes sur des fonds non pérennes issu du dispositif de la politique de la ville entre autres et que se pose clairement la nécessité de réfléchir au passage de ces financements dans une politique de droit commun.

 

De la même façon nous ne cautionnons pas le fait que près de 22 M d’euros soient consacrés à la voierie et plus particulièrement que plus de 3,5 M en 2009 et près de 2M d’euros soient injectés dans des aménagements tels que la ZAC porte Nantes, aménagement non seulement très couteux mais aussi en incohérence totale avec nos politiques de réduction de la circulation automobile. Ne croyons pas que plus de voies ou des artères plus larges désengorgeront la circulation, bien au contraire, plus il y a de place pour elles plus il y a de voitures. Le rond point de la porte de Nantes est en cela un véritable aspirateur à voitures ! Nous nous étonnons de l’importance du budget voierie prévu pour l’année à venir, en ces temps de crises et de responsabilité écologique.

Enfin, sur des coûts moindres, d’autres choix nous semblent incohérents et révèlent les réticences qui demeurent envers des politiques plus durables dans leur ensemble : j’évoquerai ici le lait de croissance que l’on a décidé d’acheter pour nos crèches municipales et que l’on préfère au lait bio. Lait de croissance et lait bio entrainent tous les deux un surcoût par rapport au lait entier qu’il y avait jusqu’alors mais le bio a un avantage: il est bon pour nos bambins – en tout cas il ne l’est pas moins que le lait de croissance – et il l’est aussi  pour la planète.

Nous voulons voir des choix politiques affirmés et attendons, pour citer un dernier exemple une politique volontaire de la ville quant aux modalités d’installation d’antennes relais à Rennes.

Voilà pour nos regrets.

 

 

Mais redisons-le, la tendance générale est bonne et la situation financière de la Ville est plutôt saine compte tenu de l’actualité évoquée plus haut. L’endettement de la Ville est modéré et demeure en-dessous de la moyenne française et nous permet de maintenir un niveau élevé d’investissement au bénéfice des Rennaises et des Rennais.

Si l’on regrette encore de voir les améliorations environnementales considérées comme des coûts supplémentaires, nous attendons beaucoup de l’année à venir en termes d’exemplarité de la ville. Le budget 2010 doit amorcer une conversion, cette conversion écologique de l’économie qui, nous le répétons, est impérative. Face aux diverses urgences que nous connaissons (urgence sociale, urgence environnementale, urgence liée au dérèglement climatique), l’heure n’est plus aux simples intentions. Il nous faut maintenant être concrets et poser des actes allant dans le sens de véritables changements, actions qui ne peuvent être considérées comme de simples parenthèses, « en attendant » que crise se passe, car elles offrent des solutions durables de sortie de crise. Présent à Rennes hier, Gérard Magnin, délégué général d’Energie-Cités, en contact permanent avec une centaine villes d’Europe, a bien montré que c’est en cherchant comment atteindre des objectifs ambitieux qu’on fera des progrès. S’en tenir à des objectifs faciles à atteindre c’est réduire la créativité, l’innovation et bien évidemment la création d’emplois durables. Sans doute cela passe–t-il par une analyse plus globale de nos dépenses et des impacts engendrés par nos choix, sans doute aussi cela passe-t-il par une réflexion sur l’organisation de nos moyens, budgétaires et humains.

 

 

                  Nous voterons ce budget pour sa responsabilité et pour la volonté affichée par les services et nos collègues sur les politiques de développement durable. Voter ce budget porte aussi pour nous l’espoir de voir la ville se montrer exemplaire par ses réalisations en 2010, année de la biodiversité.

Publié dans Vie municipale

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